30 Janvier 2019
Et si en adoptant une posture d'innovation RH, la fonction RH devenait la « première intrapreneuse », de la culture intrapreneuriale dans l’entreprise ?
La tendance est depuis quelques années à l’intrapreneuriat, et qui dit tendance, dit tout naturellement un nombre progressivement croissant d’entreprises cherchant à développer l’approche en leur sein. Or derrière cette simple réalité quantitative, c’est en fait l’intention initiale de ces entreprises, qui peut tout particulièrement être questionnée. En effet, combien d’entre elles s’orientent aujourd’hui dans une dynamique de développement de l’intrapreneuriat, sur la base d’une réelle vision, ambition, volonté de mutation culturelle et d’une appréhension des multiples enjeux qui se jouent ? Et donc à l’inverse, combien d’entre elles le font plus simplement par mimétisme, parce que d’autres l’ont fait avant elles, et que c’est justement la tendance ?
Cela étant posé, quel que soit le déclencheur et la prise de recul de l’entreprise sur le sujet, il est en tout état de cause des réalités communes auxquelles feront face toutes les entreprises qui initient une dynamique d’intrapreneuriat. La première est qu’il n’existe pas de recette prête à l’emploi en matière de modalités et de mises en œuvre de l’intrapreneuriat. Et la seconde, réside dans le fait que les dimensions RH et managériales en seront inéluctablement parties prenantes. Que cela soit selon une perspective positive, active et contributive, ou malheureusement en fonction des cas de figures, plus passive voire en frein.
En effet, toute dynamique intrapreneuriale émergeant dans une organisation et culture RH traditionnelle, est nécessairement de nature à bousculer l’existant. Qu’il s’agisse des règles du jeu en matière de contributions et performances attendues des postes et fonctions, des temps de travail et salaires associés, des processus d’évolutions professionnelles internes et externes, des dispositifs de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, des modalités d’accès au développement personnel, professionnel et à la formation, des relations de pouvoir, etc.
Dès lors, de part ses incidences, la question de l’intrapreneuriat introduit fondamentalement celle du rôle et de la posture de la fonction RH. Le premier enjeu étant ainsi pour la fonction RH, une compréhension et une prise de conscience fine des tenants et aboutissants inhérents à une culture de l’intrapreneuriat. A savoir, ses bénéfices, ses impacts, ses sources de problématiques, de limites, de freins potentiels, etc. en regard de l’existant et dans sa mise en œuvre progressive. En d’autres termes, sans le développement d’une conviction profonde et positive en matière d’intrapreneuriat, les acteurs de la fonction RH dans l’entreprise, risquent alors fort de se cantonner à une approche de gestion et de dispositifs. Celle-ci les conduisant à des situations leur paraissant alors irréconciliables du fait d’injonctions paradoxales, entre d’une part des processus RH, managériaux et organisationnels historiquement déterminés, et d’autre part l’agilité et la flexibilité induites nativement par les dynamiques intrapreneuriales.
De la sorte, et si la première bonne posture de la fonction RH était en premier lieu de s’inscrire elle-même dans une approche systémique, collaborative et intrapreneuriale ?
Ceci, pour accompagner de la manière la plus pragmatique et efficiente possible, tout à la fois :
En ce sens, en regard de ces différents axes de facilitation à considérer, et d’un point de vue RH, le maître mot semble ainsi être celui d’équilibre. Il s’agit en effet de viser à contribuer à la mise en œuvre :
En conséquence, engager l’entreprise dans une nouvelle dynamique propice à l’intrapreneuriat, constitue alors incontestablement un changement de paradigme RH, qui revient à passer : « Du salarié qui s’adapte et évolue au sein de l’organisation et au gré des réorganisations » à celui inverse : « de l’organisation potentiellement susceptible de s’adapter et d’évoluer, de se reconfigurer autour de l’intrapreneur et de son projet ».
De fait, et dans cette perspective, la fonction RH est ainsi amenée à lâcher prise, à reconsidérer et repenser bon nombre de ses fondamentaux historiques en matière de recrutement, de gestion des carrières, des compétences, de la formation, etc. Et en cela, une véritable approche d’attraction et d’accompagnement des talents portée par une culture de l’intrapreneuriat prend alors tout son sens, et s’inscrit fort à propos, dans l’idée exprimée par la citation de Steve Jobs : « Cela n’a pas de sens d’embaucher des personnes intelligentes puis de leur dire ce qu’elles ont à faire; nous embauchons des personnes intelligentes pour qu’elles puissent nous dire quoi faire ».
Dès lors, la dimension transformatrice de l’intrapreneuriat tant sur la culture RH, que sur celle plus globale de l’entreprise, semble susceptible d’être d’autant mieux appréhendée par la fonction RH, qu’elle est en capacité de s’inscrire elle-même et en premier lieu, dans une posture intrapreneuriale RH. Ceci, afin notamment de s’engager plus concrètement dans une dynamique favorable à l’innovation, à l’expérimentation, et ainsi être en mesure de mieux contribuer au projet collectif et à l’émergence et au développement d’une culture intrapreneuriale ad hoc, alors d’autant plus pertinente et à valeur ajoutée pour l’entreprise.
(Retrouvez cette contribution proposée initialement dans le cadre du livre blanc "L’Intrapreneuriat : Comment réinventer collectivement l’entreprise de l’intérieur")